Unbelievable 1st IronMan for Cecile in Frankfurt

Frankfurt IronMan, June 30, 2019 (XL)

Race Reporter: Cecile

Incroyable. Unique.

Uplifting. One of a kind experience.

Mon premier Ironman. Je n’en reviens toujours pas.

6 mois de préparation physique, mais plutôt un an de préparation mentale.

J’aime les défis mais là j’avais placé la barre super haut. D’ailleurs en m’inscrivant j’étais moyen sereine.

J’avais quand même fait l’ironman en relais en 2018, partie vélo, avec ma sœur et une de mes meilleures amies, et ça m’avait rassuré – 6 :11 avec un vieux vélo bien lourd.

Et le vélo, c’est plus de 50% de l’épreuve normalement, hein ?

Bref : je regarde la météo toutes les minutes les 10 jours précédant la course, résultat sans appel : canicule annoncée, jour le plus chaud à Frankfurt depuis des années. Entre 38 et 40.

De mes objectifs – annoncés : 14h, dans ma tête : 13h – je change à : je finis entière. J’ai 15h avant le cutoff time, temps après lequel la course est arrêtée.

Pour ne rien arranger, le Airbnb réservé n’a pas de clim, l’appartement est sous les toits, et héberge une boite de nuit.

Départ de l’appartement à 4 :15 du matin, après une nuit de merde, donc. Le pote avec qui je me suis inscrite prépare Hawaii, il a l’air serein, il a de l’expérience – c’est son 10e – alors ça me rassure. Mais au moment d’arriver sur la plage de départ, je suis abasourdie par le monde – 3000 personnes ! et là, je dois laisser mon pote qui part dans la vague moins d’une heure.

Départ – bien entendu sans combinaison. Le rolling start aide à gérer le stress, je pars tranquille, en me concentrant sur bien drafter, à défaut de bien nager ! Et en plus, je profite : l’eau est bonne ! J’avais prévu de le faire en 1h30, et quand j’appuie sur le Garmin pour arriver en transition : 1h28. Première victoire.

Transition rapide – c’est là où je gratte des places en général ! je remets un coup de crème solaire, et c’est parti ! je me sens forte et confiante sur mon vaillant destrier trop stylé (un Trek Speed concept Jaune fluo!) – 185km au lieu de 180 quand même. La première partie se passe sans encombre, comme prévu je double pas mal de monde, mais je pense bien à ne pas m’emballer comme ça peut m’arriver souvent en vélo – un pote m’a sagement dit « ce n’est pas une épreuve vélo, c’est un ironman ». A partir du 110e, la chaleur se fait ressentir, et je commence à avoir une baisse de mental. Je me reconcentre sur l’objectif et sur les ravitaillements – boire et s’arroser à chaque occasion, prendre la boisson iso, et une demi-barre toutes les 30 minutes. Et bien : ça fait passer le temps ! A partir du 130e, mes plantes de pieds commencent à bruler. Je les soulève un peu dans mes chaussures, j’agite les doigts de pieds, et je pense à autre chose. Je repars rapide, tout en remarquant des dizaines de gars sur le bas-côté, blêmes, hagards. Les derniers km se font vent du Sud de face, comme si je mettais la tête dans un four à chaleur tournante.

Arrivée à la T2 après 8h d’effort, impossible de courir après être descendue de vélo. Je pose le vélo et enlève direct les chaussures, c’est pire : le sol chaud renforce ce sentiment de brûlure.

Pour la première fois en course : je m’arrête aux toilettes pour m’accorder une pause technique et surtout soulever mes pieds : ils tremblent tout seul. Je me dis : «allez, on se le fait ce marathon ». Je clopine sous la tente, j’enduis mes pieds de vaseline (chaude !), et je pars en « courant » pour attaquer les 4 boucles de 10 km.

Et là, comme m’avait dit Fabrice la semaine avant : « s’il te reste 7h, c’est gagné, tu vas le finir ». Je commence avec ce contrat moral dans ma tête : tu fais les deux premières boucles en courant au moins. Car mon pote m’avait aussi dit « tu seras toujours plus rapide en trottinant qu’en marchant vite ».

6 :53, 6 :47, 7 :02, etc… les premiers km ne sont pas rapides mais réguliers. Tout à coup, un collègue surgit et court à côté de moi en me disant : « c’est bon, tu es sur un rythme à 7 min/km, tu vas le finir en 13h si tu continues comme ça ». 7 reste ma cible, pendant les deux premiers tours. A la fin du 2e je vois que la cible s’éloigne. Je ne désespère pas, je recalcule que même si la cible passe à 8 : je le finis en 13h30. Malgré tout, entre le 18e et le 25e, j’en chie grave.

Et je repense à tous les sacrifices, à toute la préparation, au soutien incroyable que j’ai de toute ma famille et mes amis, et je me dis que j’ai de la chance d’être là. Après, je repasse en mode robot / ravitaillement : un coup eau/iso/glace, puis eau/sel/banane/glace, et je recommence. Ça m’occupe et je reste focus.

A côté de ça, je sais où mes supporters se trouvent, ça me motive, et aussi : où sont les points d’ombre sur le parcours ! Enfin, je vois des Golgoths tatoués et surentrainés, allongés sur le bas-côté, partir en civière. Et je me dis : moi avec mes 8-12h d’entrainement/semaine, mon mari, mes 2 enfants et mon full-time job, je suis toujours debout.

J’enfile le 3e chouchou qui annonce le début du dernier tour. Et là, tout change dans ma tête. Je sens l’ocytocine qui monte. Je suis toujours en train de trottiner, mais je sais que je vais franchir cette ligne d’arrivée. Je la vois dans ma tête, je me vois la franchir. Et, à partir du 34e, au moment où je croise mes enfants et je leur dis RDV sur la finish line, je sens que j’accélère. Progressivement. Je double des tonnes de gens qui marchent. Je repasse sous la barre des 7, je m’envole, je crie aux gens « c’est mon premier ironman! » je vais finir en 13 :15 !, j’accélère, et je vois le dernier virage : je sprinte sur le tapis rouge en hurlant, avec la rage qui se lit sur mon visage (je pense que les photos vont être affreuses !). Je passe la ligne d’arrivée ! Ça y est ! Je suis une ironwoman !   Jamais je n’ai ressenti ça, pas même lors de mon premier marathon.

Je regarde la montre arrêtée trop tard (comme d’habitude) : 13 :14 :48. Le temps officiel est 13 :14 :39. Avec le marathon en 5h09 quand même.

Quelle aventure. Non seulement je l’ai terminé, mais avec le temps cible que je m’étais fixé malgré tous les obstacles.

Et quel soutien j’ai reçu ! Cet ironman, il est collectif : les encouragements sans failles de ma famille, de mes amis – ça booste l’égo d’entendre qu’on est une star, une bête en vélo, que j’ai un mental de ouf – ça m’a donné des ailes. Mon entrainement avec le club et avec Sylvain, qui m’a aménagé les horaires compatibles avec ma vie chargée ainsi que des imprévus en cours de route n’a pas failli. Bref, c’est un Iron Friends&Family !

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